Roger Jon Ellory, Les Anges de New York
Par Daniel Marois
Plongée dans le monde imbibé de l’inspecteur éponge…
Les
Anges de New York, Sonatine, est
possiblement l’un des polars les plus attendus cette année. RJ Ellory est un
auteur renommé et toutes ses œuvres sont encensées. Qu’ai-je donc à ajouter aux
concerts d’éloges qui accompagnent la sortie de ce nouveau titre? Un petit
bémol, peut-être un couac dans la mare aux canards.
L’inspecteur new-yorkais Frank Parrish
est forcé par sa hiérarchie à subir une psychothérapie avec la psychologue
maison s’il veut poursuivre sa carrière dans la police. Les démons qui le
hantent sont nombreux. Son existence au complet va de travers. Il est divorcé
et sa relation avec son ex-épouse est pour le moins acrimonieuse. Ses deux enfants,
jeunes adultes, entretiennent avec lui des relations sporadiques et
frustrantes. Son coéquipier est mort en service. Il fait l’objet d’une enquête
interne.
Pour couronner le tout, il doit vivre
avec le fantôme de son défunt père, une légende de la célèbre brigade d’élite du
NYPD surnommée Les anges de New York, laquelle a débarrassée la mégapole de
l’emprise de la pègre. Mais Parrish est persuadé que ce père abhorré était un
pourri et qu’il mangeait à la même gamelle que les malfaiteurs.
Alors Frank Parrish boit. Il noie ses
souvenirs tous les soirs, deux bouteilles de whisky…
Mais oui, il
y a aussi une véritable enquête, sinon je n’aurais jamais tenu le coup devant
tant d’inepties.
Des gamines sont tuées et l’inspecteur
Frank Parrish discerne un leitmotiv d’âge et d’apparence physique chez les
victimes. Il découvre surtout que les fillettes sont toutes des cas d’enfants abandonnés
par leur famille et pris en main par le service de l’aide familiale. Il
soupçonne un employé d’avoir commis les crimes ou d’avoir vendus les
adolescentes à un groupe de sadiques pratiquant le « snuff movie ». Pornographie,
viol et meurtre, le tout filmé puis vendu clandestinement.
Il s’agit bien évidemment d’un classique
roman policier d’investigation. Une intrigue extrêmement bien menée qui
rappelle la manière John Harvey. Malheureusement, pour moi, la partie enquête est enrobée dans le reste,
ensevelie dans les balourdises et la lecture s’en trouve alourdie.
Ces inspecteurs alcooliques qui font
la leçon, on en a assez lu, non? Avec les quantités ingurgitées, jamais un
humain ne tiendrait debout pour se relever le lendemain presque frais et mener
une enquête qui demande à avoir les idées claires. Il faudrait que l’auteur
s’arrête un instant pour se demander une bonne fois pour toutes jusqu’où son
personnage peut boire sans perdre toute crédibilité. Il me semble qu’une couple
de whiskys suffisent pour endormir cette « douleur » et que deux
bouteilles par jour… Un peu comme au cinéma, au théâtre, un personnage qui lâche
quelques jurons est un sacreur impénitent. Un personnage qui jure à toutes les
phrases est un emmerdeur. On y perd et les intentions et la caractéristique.
Figure centrale du récit, John Parrish, malgré ses malheurs, est un personnage
peu crédible. Parvenir à résoudre cette série de crimes au travers le coma
éthylique qui le guette, est une action herculéenne. Ce n’est plus John
Parrish, c’est Hercule Poivrot!
J’avais abandonné Vendetta, son polar précédent, en raison du mortel ennui qui
m’assaillait. Je me suis rendu jusqu’au bout des Anges de New York. C’était le
moment de la dernière chance. Fiche perdante donc pour cet auteur vedette du
polar contemporain.
Bonne année quand même, Roger!
Roger Jon Ellory, Les Anges de New York, Éditions Sonatine, mars 2012 traduit par Fabrice Pointeau (Saints of New York, 2010). 551 pages.