lundi 20 février 2012

John Harvey, polar à l’anglaise

Par Daniel Marois

Huffington Post Québec/Daniel Marois/John Harvey-Le Deuil et l'oubli
posté le 28 février 2012
Avec « Le Deuil et l’oubli », le Britannique John Harvey livre un polar étincelant, tout en délicatesse, à la limite du thriller psychologique et du roman de procédure.

John Harvey est un auteur qui écrit comme on respire. En 2007, il a reçu le prestigieux Diamond Dagger Award, pour l’ensemble de son œuvre. Le Deuil et l’oubli est son 17e roman traduit en français. En incluant tous ses pseudonymes, l’actif surpasse les 90 titres anglais.

Mais ne vous en laissez pas conter! La production de John Harvey est féconde, certes, mais l’œuvre, du moins, celle traduite en français, est tout ce qu’il y a de remarquable, et les mots sont pesés. Ce tout dernier polar ne fait pas exception.

Été 1995, dans un camping en Cornouailles. Malgré le temps incertain, deux adolescentes de 13 ans, Heather Pierce et Kelly Efford, partent se baigner. L'obscurité tombe rapidement, le brouillard s'épaissit et les deux amies ne reviennent pas.

Après une nuit de recherches, on retrouve Kelly secourue par un ermite. Elle est faible, contusionnée et traumatisée. Le corps disloqué de Heather est découvert le long de la côte sur la corniche d’une ancienne rotonde. La thèse de l'accident est retenue mais pour l’inspecteur Will Grayson le doute plane.

Quatorze ans plus tard, le mariage de Ruth et Simon Pierce n’a pas résisté à la disparition de leur fille. Ruth vit désormais à Cambridge, s’est remariée à Andrew et a eu un autre enfant : Beatrice, une petite fille de dix ans. Elle croit avoir tourné la page quand Beatrice disparaît à son tour. Le cauchemar recommence...

Chargés de l'enquête, le détective Will Grayson et le sergent Helen Walker vont s'acharner à percer le mystère de cet enlèvement tout en réexaminant les circonstances du décès du premier enfant de Ruth.

Traversé par un climat d'angoisse et de tension, le nouveau livre de John Harvey plonge le lecteur dans une enquête fascinante et dérangeante, peuplée de personnages déchirants. Une analyse subtile des bouleversements causés par la perte d’un enfant. De la folie ordinaire au chagrin. De la substitution au désespoir. En fin observateur, John Harvey fouille l’esprit humain.

Une enquête complexe, des personnages attachants et un sujet qui ne laisse personne indifférent. Avec Le Deuil et l'oubli, l’auteur plonge dans un sujet délicat avec un flegme et une maîtrise totale. Les événements sont décrits avec minutie, les rouages de l’enquête démontés, les traits psychologiques approfondis.

L’anglais livre ainsi une œuvre inspirée qui, souhaitons-nous le, ne sera pas son testament.

John Harvey, Le Deuil et l’oubli, Éditions Rivages ,5 décembre 2011, traduit par Fabienne Duvigneau (Far cry, 2009). 446 pages.

Des Faux-semblants aux Lois de la vengeance, deux thrillers sous la loupe

Daniel Marois 
Posté le 18/01/12

Truffé de faux-semblants, le plus récent polar du Norvégien Kjell Ola Dahl nous entraîne dans les dédales de plusieurs enquêtes trompe-l'oeil. Suspense bien mené, mais austère.



Une jeune Ougandaise disparaît. Une autre femme est retrouvée sans vie, nue dans une benne à ordures. Désemparé, l’inspecteur Frolich reconnait la femme qu’il a arrêtée quelques jours plus tôt pour possession de cocaïne. Le commissaire Rindal tente de lier ce meurtre à une affaire non résolue, créant ainsi de toutes pièces un tueur en série.

Si la tension manifeste est maintenue avec talent, les personnages sont froids, créant un effet de distanciation avec le lecteur. L’enquête est mécanique et les relations entre les personnages sont rigides, dénuées d’émotions. On reprochera également à l’auteur norvégien l’utilisation abusive de références à la culture américaine (musicale, cinématographique et télévisuelle), sans doute pour faire plus international, mais ce choix met bien davantage en relief une colonisation culturelle déplorable.

Faux-semblants
Kjell Ola Dahl
Éditions Gallimard


L’ Américain Christopher Reich revient avec son second polar, Les lois de la vengeance, un thriller original dans la lignée des grands auteurs d’espionnage. Emma, agent double, tente de faire exploser une centrale nucléaire alors que son mari, injustement accusé d’un attentat à Londres, va tout faire pour l’en empêcher. L’Europe est le théâtre de tous les événements qui vont se succéder sans jamais relâcher cette tension extrême dans laquelle le polar baigne. Reich atteint déjà des sommets avec son deuxième titre et pourrait bien déloger très rapidement des auteurs accomplis tel Le Carré, Ludlum et Forsyth.

Les lois de la vengeance
Christopher Reich
Éditions Belfond

Code Salamandre: Un air de déjà-lu

Daniel Marois
http://fr.aol.ca/tag/polars/401/
Posté le 11/01/12

Samuel Delage ramène le personnage d'Yvan Sauvage, commissaire-priseur et expert en art, dans son second polar, Code Salamandre. Un jeu de pistes sur les mystères de la Renaissance et l’art de les élucider, qui se démarque bien peu du tristement célèbre Da Vinci Code.


À la suite du décès du professeur Faure, Yvan reprend sa quête du trésor caché du roi François 1er, avec l’aide de Marion, jeune étudiante. Ils suivent les pistes, du château de Chambord à Fontainebleau, en passant par Reims, à la recherche d'indices cryptés: des salamandres, des F, des 8, des S. Ils sont suivis par un dangereux psychopathe qui poursuit un double but: s’emparer du trésor au nom de son commanditaire et tuer Marion.

L’ensemble de l’histoire manque de crédibilité. Les réactions impulsives des personnages cachent bien mal les ficelles de l’intrigue et mènent tout droit vers une chute prévisible. La lecture est tout de même agréable, mais les rouages du récit ne s’éloignent pas suffisamment du roman de Dan Brown pour satisfaire le lecteur.

Code Salamandre
Samuel Delage
Éditions Belfond

Sublime Cobra!

Frederick Forsyth lançait en 2011 son onzième titre. Maintenant âgé de 73 ans, le patriarche du polar politique signe, avec Cobra, un thriller pertinent et jamais suranné, centré autour du trafic de cocaïne.


Le président des États-Unis donne carte blanche à un groupe ultra secret qui a le mandat de mettre un terme au trafic et à l’exportation de la drogue. Le groupe emploie tous les moyens pour détruire les réseaux de distribution utilisés par le cartel et sème la zizanie entre les gangs qui contrôlent les ventes, créant ainsi un véritable bain de sang en Europe et en Amérique. Mais, bien sûr, alors que le groupe secret est sur le point d’éliminer la drogue des marchés mondiaux, une intervention fait basculer la machination.

On n’en dira pas plus, mais la chute du livre fait hocher la tête et n’améliorera pas le cynisme ambiant! Un polar qui se lit d’une traite! Une leçon d’écriture et de suspense!

Cobra
Frederick Forsyth
Éditions Albin Michel

Top 10 polars 2011

Daniel Marois collaboration Christophe Court
http://fr.aol.ca/tag/polars/401/
Posté le 29/12/11

L'année 2011 s'achève. C'est l'heure des bilans. Voici notre choix des meilleurs polars 2011!

1. Le Pacte, de Lars Kepler

Le duo suédois construit ses polars comme des puzzles. Il jette à la face des lecteurs tous les éléments de l’intrigue puis, patiemment, dévoile l’image finale. Captivant et efficace. (DM)
www.actes-sud.fr





2. Les Visages écrasés, de Marin Ledun

Lauréat du trophée 813 du meilleur roman francophone, Marin Ledun signe un polar noir qui scrute le monde du travail et les effets de cette mondialisation sur les individus au quotidien. Frémissant! (DM)
www.seuil.com





3. Le Mur, le Kabyle et le marin, d'Antonin Varenne

Les résidus toxiques de la France colonisatrice. Varenne s’empare des pires moments de la sale guerre d’Algérie, la torture, et en fait son terrain de jeu. Il y a dans ce polar des morceaux d’anthologie! (DM)
www.viviane-hamy.fr





4. Calibre, de Ken Bruen

L’Irlandais Ken Bruen nous revient avec le sixième titre de sa série culte R&B. Un polar trop court qui dévoile une fois de plus l’étendue de son talent. Dans cette série, Bruen rend hommage au 87e district d'Ed McBain, ainsi qu’à Jim Thompson. Exaltant! (DM)
www.gallimard.fr





5. Coupés du monde, Tom Bale

Dans ce thriller d’action, Tom Bale nous entraîne dans un huis clos enlevant où, tour à tour, les tueurs, les brutes et les brigands cravatés font face à la trahison. Une totale réussite! (DM)
www.pressesdelacite.com





6. Cobra, de Frederick Forsyth

Le retour du vétéran Forsyth qui revient en force avec ce thriller politique dans lequel une brigade secrète tente par tous les moyens de mettre un terme au trafic de cocaïne. L’auteur anglais possède une capacité phénoménale pour condenser ce village global dans lequel nous vivons! (DM)
www.albin-michel.fr





7. Les Lois de la vengeance, de Christopher Reich

Un thriller d’espionnage mêlant trahison, conspirations internationales, apparences mortellement trompeuses. Ingénieux et machiavélique! (DM)
www.belfond.fr





8. Sans laisser de traces, de Val McDermid

La reine du thriller psychologique est de retour avec sa maîtrise absolue de l'intrigue. Alliant passé et présent, l’Écossaise livre son polar le plus personnel. Intrigant! (DM)
http://editions.flammarion.com





9. Au-delà du mal, de Shane Stevens

Un meurtrier psychopathe, Thomas Bishop, parcourt l'Amérique en laissant dans son sillage un nombre incalculable de victimes. On accompagne l'assassin durant ces atrocités. Atmosphère infernale, à la limite du supportable. Une initiation frissonnante dans l’univers d’un tueur en série! (CC)
www.pocket.fr





10. Morte la bête, de Soren & Lotte Hammer

Cinq hommes retrouvés pendus et torturés dans une école. Qui sont-ils? Pour répondre à cette question, l'inspecteur Konrad Simonsen doit se battre sur trois fronts: les assassins, les médias et la population. Un polar bien ficelé et un réquisitoire sur la refonte des politiques judiciaires au Danemark concernant la pédophilie. À quand le deuxième roman de ces nouveaux venus dans l'invasion scandinave? (CC)
www.actes-sud.fr

Le Toyer d'outretombe de Gardner McKay

Daniel Marois
Posté le 21/12/11

Auteur d’un seul polar, Gardner McKay est décédé deux ans après la parution de Toyer en 1999. Plus de dix années ont passé avant qu’un éditeur ne se lance dans la traduction de ce que le marketing a nommé le chef d’oeuvre oublié! L’attente en valait-elle la peine?


Toyer, surnom donné par une journaliste du Los Angeles Herald, est un psychopathe plutôt particulier. Un sombre énergumène qui séduit ses victimes, les drogue, en fait des jouets et les abandonne dans un état végétatif après leur avoir fait subir une cordotomie spinale, un acte chirurgical irréversible consistant à faire perdre les fonctions motrices et sensorielles. Une douzaine de pauvres femmes devenues des fleurs artificielles.

Ces victimes se retrouvent toutes à l’hôpital où travaille le médecin Maude Garance. Les autorités policières et juridiques sont impuissantes devant cette série d’agressions et n’ont pas l’ombre d’une piste. La journaliste Sarah Smith entreprend donc de «dialoguer» avec le tortionnaire à travers son journal, demandant également à Maude de tenter de le raisonner à travers des chroniques, espérant ainsi que le dangereux individu fasse un faux-pas.


Ce pseudo thriller de 760 pages est ponctué de plus de 200 chapitres. Une structure qui voudrait créer un effet de halètement mais qui rend encore plus lâche la composition du polar. L’histoire aurait pu être amputée du quart sans aucunement nuire au déroulement de l’intrigue. Ce qui est gagné en volume est irrémédiablement perdu en intensité. C’est invraisemblable, long, répétitif et linéaire comme la ligne de vie de ces femmes neurasthéniques.


Les chapitres finaux racontent la confrontation entre Toyer et Maude, celle-ci devant être la treizième victime. Ce duel plus qu’improbable tombe à plat et sombre rapidement dans le ridicule alors que tour à tour, et plusieurs fois, chacun prend le dessus sur l’autre. La naïveté de Maude, trait psychologique qu’on lui découvre soudainement, est navrant et impardonnable. Il s’agit de ficelles mal dissimulées, une fois de trop. S’il y avait une catégorie «Pires thrillers de l’année 2011», Toyer serait en tête d’affiche.

Toyer
Gardner McKay
Éditions Cherche-midi
www.cherche-midi.com

Top cadeaux polars

Daniel Marois collaboration Christophe Court 
Posté le 14/12/11

Pour les Fêtes, une suggestion de cadeaux littéraires, spécialement pour les amateurs de polars, ou pour les lecteurs qui veulent faire des découvertes haletantes où des mystères sont résolus et des malfaisants punis.

Le léopard, Jo Nesbo

Notre grand gagnant de ce top cadeaux! À offrir… et à recevoir! Avec l’auteur norvégien Jo Nesbo, la pomme de Léopold, instrument imaginaire, devient un objet de torture! L’inspecteur Harry Hole, ravagé par l'alcool, doit débusquer un tueur en série qui se promène de Kigali à Oslo. Une guerre entre services policiers vient compliquer l’enquête. Une vraie descente en enfer! (CC)


Bloody September, Will Argunas

À l'aube du 11 septembre 2001, dans la ville de New York, décadente, glauque et immorale, un policier recherche un assassin. Le rêve américain profite aux malfrats en tous genres. La loi de la jungle est le slogan de la ville. Une BD acerbe, critique des grandes villes américaines, parfaite pour vous faire oublier votre gueule de bois. (CC)


Coffret, Camilla Lackberg

Coffret à mettre sous le sapin pour l'amateur de polars scandinaves. Découvrez les trois premières aventures d'Erica Falck et Patrick Hedström. Camilla Lackberg est devenue la chef de file de la nouvelle génération d’auteurs scandinaves grâce à des polars moins noirs que ses collègues. L'espoir d'une société meilleure est à portée de main. (CC)


Le parrain de Katmandou, John Burdett

Envie d’un Noël différent? Laissez-vous emporter par L’inspecteur thaïlandais Sonchaï Jitpleecheep qui doit découvrir l'assassin d'un riche américain à Bangkok, ville de tous les vices. En parallèle, il doit acheter plusieurs tonnes d'héroïne au Népal, sous les ordres de son patron, chef de police! Cet univers exotique est teinté de spiritualité bouddhiste. On en redemande! (CC)


Les vacances d'un serial killer, Nadine Monfils

Même votre «matante» et votre «mononcle» les plus drabes ne résisteront pas! Une grand-mère assassin, des enfants voyeurs, des parents hystériques, composent cette famille qui part pour Blankenberge, station balnéaire de la mer du Nord. Leur chemin est parsemé de meurtres et d'accidents de toutes sortes. Politiquement incorrect, peuplé de personnages plus loufoques les uns que les autres. Humour noir assuré! (CC)


Bienvenue à Oakland, Eric Miles Williamson

Vous serez éternellement reconnaissant à quiconque vous offre ce polar en cadeau. N’hésitez pas à le mettre sur votre liste pour le Père Noël. L’auteur est en voie de construire l’une des œuvres les plus puissantes du 21e siècle. Le rêve américain s’éteint et ses polars noirs en sont les bruyants témoins. (DM)


Tout Maigret, Georges Simenon

Redécouvrez le vieux commissaire, l’ancêtre du célèbre Wallander, dans ce coffret de 10 volumes. Tous les romans, toutes les nouvelles. Des heures et des heures de bon temps au coin du feu, les pieds au chaud. (DM)


La chorale du diable, Martin Michaud

Si vous ne faîtes partie d’aucune chorale de noël, venez au moins entonner celle-ci! Grand prix du roman policier 2011 de Saint-Pacôme, la preuve hors de tout doute raisonnable que le polar québécois est en santé! (DM)


Le roman policier en Amérique française-2 2000-2010, Norbert Spehner

Un essai de l’incontournable Spehner. Ce second tome est le livre de référence par excellence sur la littérature de genre au Québec. À siroter lentement avec votre scotch favori tout au long du temps des fêtes. (DM)


Céline. De l’homme à l’écrivain, de Henri Godard

Eh non, ce n’est pas du polar! Mais tous les auteurs contemporains lui doivent tellement! Faites cadeau de cette biographie à tout amoureux de littérature. Bien que l’on sache tous que l’homme est bien plus petit que son œuvre. Mais quelle œuvre! Cinquante ans après son décès, les titres de Céline marquent toujours au fer rouge la littérature contemporaine. (DM)




Cégep en délire: le Malphas de Patrick Senécal

Daniel Marois
Posté le 07/12/11

L’an 2011 s’achève sur une réconciliation. Si le polar québécois est rendu aussi loin dans son évolution que «Malphas-1» de Patrick Senécal le laisse présager, je couvre tous les titres et j’en redemande.

Julien Sarkozy est un professeur de littérature sans emploi, car aucun établissement ne veut plus de lui. Aucun, sauf Malphas, un cégep situé dans le bled perdu de Saint-Trailouin. Julien débarque donc dans le village et se rend vite compte que, comme lui, les élèves et les professeurs de Malphas sont des indésirables: on ne veut plus d'eux nulle part ailleurs. Dès le premier jour d’école, un drame survient: un élève déchiqueté est retrouvé dans un casier. Julien et Simon Gracq, apprenti journaliste au langage délirant, mènent l’enquête.

Une investigation aux rebondissements extravagants, des policiers stupides et un capitaine matamore. Des élèves en ratatouille dans des casiers. Une vieille dame, réputée sorcière, vivant avec sa mère momifiée. Le tueur, apprenti sorcier, et ses maléfices, des corbeaux qui assombrissent le ciel. Une force maléfique à l’affût de sacrifices humains, et cette odeur infecte qui s’exhale de l’école…

Patrick Senécal nous convie à un univers particulier. Sur un ton où humour noir et ironie se côtoient, dans un polar farci de personnages grotesques et fascinants. Entremêlant les situations loufoques et les tragédies, à l’extrême limite du vraisemblable, il nous offre un polar fantastique, servi dans une sauce truculente.

Chef de file de la littérature de genre au Québec, le prolifique auteur poursuit avec brio son oeuvre. «Malphas-1: le cas des casiers carnassiers» est le premier volume d’une série pour adolescents (mais tout aussi captivante pour les adultes) qui s’annonce palpitante. On ne peut que lui souhaiter une reconnaissance et un succès dans toute la francophonie.

Malphas-1
Patrick Senécal
Éditions Alire
www.patricksenecal.net

Mauvaise rencontre dans les rues de Toronto

Daniel Marois
Posté le 29/11/11

C’est au cœur de la Petite Italie de Toronto que Liz Brady nous entraîne avec «Mauvaise Rencontre». Le second polar de l'auteure emprunte la voie de l’humour pour nous plonger dans l’univers pourtant sombre de la drogue et de la prostitution.

Jane Yeats est une jeune écrivaine marginale en manque d’inspiration et de ressources. Depuis le décès de son amoureux, elle n’a plus que trois centres d’intérêt: sa Harley-Davidson, son chien Max et la bière. Nouvellement installée dans un cottage décrépit, elle entretient des relations houleuses avec ses voisins. Quand on découvre Tina Paglia, sa voisine d'à côté, accro au crack et prostituée, assassinée dans le jardin de Jane, l'écrivaine se sent coupable de sa dernière prise de bec avec la défunte.

Devant l’ineptie de la police, elle décide d’enquêter. Chemin faisant, elle trouvera matière à écrire un nouveau livre, car Toronto regorge de cas de disparitions de femmes, souvent des prostituées. La police semble incapable de repérer les traces, évidentes pour Jane, d’un tueur en série.

Au fil de l'enquête, Jane bouscule ses valeurs morales, et les nôtres. Cheminant parmi les groupes d’entraides, les «dealers» et les délires religieux, Jane fera éclater une vérité insoupçonnée sur la série de meurtres. Chaque vie est importante: elle ira donc jusqu’au bout de son investigation, risquant sa peau.

Les dialogues savoureux, acerbes et ironiques de «Mauvaise Rencontre» apportent un vent de fraîcheur dans l’univers souvent sulfureux du polar.

Mauvaise rencontre
Liz Brady
Éditions Alire